Retour sur le FIC et la Semaine numériQc: les expériences et les enjeux liés au numérique se multiplient
Présentation des évènements: le FIC et la Semaine numériQc
La Semaine numériQc est un rendez-vous annuel des professionnels œuvrant dans des domaines où le numérique occupe une place importante, et il est ouvert au grand public. Il vise principalement à mettre de l’avant les innovations du domaine ainsi qu’à stimuler les échanges entre les participants. La Semaine numériQc 2021 s’est produite du 9 au 16 avril dernier. En raison des mesures sanitaires, l'événement avait été annulé en 2020. Il s’agit de la 5e édition.
Au menu, plus de 250 conférences, ateliers ou activités de réseautage. Parmi les 4000 participants, j’ai pu assister, avec d’autres ADN, à quelques-unes des conférences et panels, en particulier le 14 avril, lors du Forum des innovations culturelles (FIC). Je vous rapporte certains éléments intéressants dans ce billet pour vous donner un échantillon de ce qui bouge et évolue au Québec en relation avec le numérique, et en rapport avec la culture, qui est notre réalité.
Forum des innovations culturelles
Le FIC 2020 a dû être reporté à 2021 en raison de la pandémie.
Épique époque numérique
Meriol Lehmann
Dans cette conférence, le penseur et artiste du numérique, notamment auteur et également collaborateur sur des projets transdisciplinaires, Meriol Lehmann, nous a permis de comprendre ce que la pandémie avait apporté de positif, et l’attitude qu’il conviendrait d’adopter à partir de là. En raison de la pandémie, nous avons été un peu forcés d’adopter et de nous approprier des technologies que nous n’aurions pas jugé utile d’inclure dans notre coffre à outils jusque-là, comme Zoom par exemple. Il invite les milieux culturels à ne pas s'en tenir à cette adoption par défaut et à développer leur propre vision de ce qu'ils souhaitent faire d'innovant avec ces nouveaux outils et voir si d'autres, meilleurs ou correspondant mieux à leurs valeurs, ne pourraient pas leur rendre des services encore plus utiles et les aider à atteindre leurs objectifs sans se renier. Il leur suggère de miser sur leur créativité pour développer une pensée du numérique, avec l’aide de leurs agents de développement culturel numérique (ADN)...
Algorithmes de recommandation en culture : mieux les comprendre pour en tirer profit
Christian Roy
Consultant chez A10s, M. Roy a pu voir l’importance pour les acteurs culturels de cerner les manières dont certains produits et services sont «poussés» (mis de l'avant) en relation avec des profils d’usagers des visiteurs dans les différents environnements. Cependant, il souhaite remettre en perspective l'obsession que nous avons avec la recommandation. Il reconnaît que les algorithmes sont partout, mais il nous rappelle qu’ils ne sont pas seuls. Il convient de prendre un pas de recul pour comprendre la recommandation. Revenons d’abord à sa définition. On parle aussi de «prescription». Elle semble ainsi exercer une contrainte. Mais la recommandation n’est pas une condamnation. C’est une occasion à saisir si on la comprend bien. La recommandation a lieu quand des contenus nous sont proposés alors qu’on ne les cherchait pas. Selon Christian Roy, il faut analyser les différentes formes que peut prendre ce levier de découvrabilité du point de vue de l’expérience des utilisateurs (UX = User eXperience). Pour catégoriser ces types de recommandation, il nous propose une méthode simple : tenter de répondre aux quatre questions suivantes : Quoi ? (qu'est-ce qui est recommandé), Où ? (à quel endroit sur notre écran ou sur quelle plateforme ou quel appareil, dans quel logiciel/application/service survient-elle ?), Quand ? (après ou avant quelle opération?, à quel moment de la journée, en relation avec quel autre évènement?) et Comment ? (quelle forme prend-elle, comment se présente-t-elle, est-elle abrupte, discrète, subtile, directe?)... Puis il nous suggère de nous doter de plans d’actions pour bénéficier de meilleures recommandations en fonction de nos objectifs. Il nous aide en nous amenant à nous poser de nombreuses questions qui font penser à celles que Myriam Jessier nous a amené à nous poser dans les formations sur la découvrabilité et les tendances de recherche des utilisateurs, dans les formations offertes plus tôt cette année.
Autres évènements lors du FIC
D’autres évènements intéressants ont eu lieu pendant le FIC, comme des panels sur les manières de favoriser l’innovation au moyen de la collaboration (MuséoLab en Mauricie), ainsi que sur les ajustements nécessaires face à la pandémie pour divers acteurs culturels et les apprentissages qu’ils en ont tirés. Nous parlerons rapidement du premier panel avant de passer aux autres volets de la Semaine numériQc.
Comment la collaboration engendre l'innovation technologique dans un laboratoire vivant en culture (DigiHub de Shawinigan) Claudine Drolet nous a présenté ce laboratoire d’innovation sociale et numérique. Félix Antoine-Huard (Rhum&Code) nous a présenté un nouveau projet réalisé dans ce cadre : XPRIENCE, un bel exemple de façon de produire de la collaboration. Et Valérie Therrien, responsable du Musée Pop à Trois-Rivières, nous a expliqué comment ce musée, qui s’appelait Musée d’art et des traditions du Québec et qui a changé en 2002 pour devenir Musée d’arts populaires, s’est à nouveau modernisé il y a deux ans afin de mettre en lumière la culture populaire du Québec.
Pour une vue d’ensemble de ce qui est ressorti du FIC : Marie-Pier Thibault, «Retour sur le Forum des innovations culturelles 2021», Québec numérique, 6 mai 2021 : Qu’avons-nous retenu de cette édition virtuelle ?
Le FIC fait partie du projet Culture/NumériQc, porté par Québec numérique. En savoir plus.
Autres volets de la Semaine numériQc
Le volet Journées de la relève en intelligence et données m’a permis de découvrir la réflexion de chercheurs au doctorat sur (1) Les enjeux éthiques soulevés par l’utilisation de systèmes de reconnaissance des émotions (Alexandra Prégeant) et (2) Les enjeux de la génération automatique de contenus textuels (Nicolas Garneau), qui sont en lien avec la désinformation et/ou avec la manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques ou commerciales.
L’une des conférences les plus intéressantes fut celle de Yannick Hold-Geoffroy dans le cadre des Rendez-vous de l’intelligence artificielle à Québec (iAQ), concernant L’apprentissage profond au service des tâches créatives. Cet ingénieur chez Adobe Research travaille sur des projets qui permettent de déduire des valeurs d’éclairage à partir d’une photographie pour éclairer les différentes surfaces d’un objet en 3D qui est projeté dans cet environnement, en tenant compte de la réflexivité des différentes surface selon leurs matériaux. On peut aussi créer des scènes partiellement en 3D à partir de quelques prises de vue complémentaires.
Comme la également montré Amy Peck dans une autre conférence, du volet RAQ (Réalité augmentée Québec) cette fois, la réalité virtuelle (VR) converge de plus en plus avec le monde réel, et avec la réalité augmentée (AR) évidemment. C’est ce qu’on appelle la «XR».
Le volet Territoires connectés non plus ne manquait certainement pas d'intérêt. Par exemple, Aude Lenoir, Gaëlle Ramboansolo et Jean-François Bélisle nous ont parlé de l'importance de démystifier la gestion des données clients dans les organisations touristiques. L’objectif est toujours de mieux utiliser ces données, en tourisme comme dans les autres domaines, culturels et commerciaux, afin de mieux atteindre les objectifs qu’on s’est donnés comme organisation.
Trois études de cas ont été présentées. Les objectifs dans le cas de la seconde sont représentatifs d'un processus idéal : acquisition (augmentation du trafic, principalement direct), optimisation (optimiser les prix pour augmenter les revenus), automatisation (suivi des KPI clés et optimisation en temps réel). Mais les enjeux reflètent également les obstacles le plus souvent rencontrés : peu de données disponibles, aucune base de données accessible, réticence de l'ancien propriétaire à partager des données, aucune culture des données à l'interne. Face à ce défi, le cheminement n'a rien de magique : collecte des données, création d'un écosystème, création d'actifs.
Mais de manière générale il ne faut pas oublier de bien définir le problème au départ. Ce qui peut exiger une phase de recherche préalable. La démarche de collecte de données implique d'identifier les outils, la provenance des données, la fréquence de la collecte et les responsables. Il en va de même pour la compilation (moins la provenance) et pour l'analyse on ajoute la question de leur utilisation.
La semaine numériQc est coordonnée par par Québec numérique. En savoir plus.
Je remercie Anne-Sophie Lachance pour la rédaction de l'introduction à ce billet présenté aux membres de la Fédération abonnés à l'infolettre dans l'édition du 12 mai 2021.